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Humanimalités
6 juillet 2008

Humanimalités

C’est le terme proposé ici pour qualifier ce processus d’hybridation, de passage de l’homme à la bête, de descente de l’humain à l’animal. Tandis que pendant des siècles c’était l’élévation vers Dieu, un phénomène de purification donc, qui semblait porter l’homme, voici qu’après la disparition de la transcendance un mouvement inverse a été engagé, celui de la dégradation et de l’avilissement, de la métamorphose en plus bas que soi, toujours plus bas. Qu’il s’agisse du Gregor Samsa de La métamorphose changé en cafard - mais en cafard qui pense encore en humain, ce qui en fait un être hybride -, des personnages des romans de Bruno Schulz devenus mouche, chien ou souris, des rats de Hofmannsthal dont l’écrivain raconte l’agonie dans une cave en s’identifiant à eux, la littérature moderne est hantée par ce que Deleuze a appelé un jour le "devenir-animal". Surya en étudie les figures les plus prégnantes, et analyse l’effort de pensée dont elles sont traversées, la pensée se métamorphosant elle-même au contact de ces êtres dégradés.Bataille avait été attiré par le "caractère de fracas sacré de la violence archaïque" que représentait l’animal, Rilke par sa simplicité et son innocence, comparables à celle de l’enfant, l’animal ayant su préserver la "vision de l’Ouvert". Or chez Kafka la bête abêtit l’homme, elle en fait un monstre. Dieu n’étant plus là pour établir une séparation entre l’homme et la bête, la confusion s’impose, ou bien, face à la monstruosité que représente cet abêtissement, une nouvelle ligne de séparation entre les hommes eux-mêmes, ce que souligne avec force Surya, et ce qui nous transporte dans le vingtième siècle, et dans "le nôtre" : si ces hybridations " ont réellement ce caractère conscient de prémonition qu’on leur reconnaît, c’est en cela. Elles disent, d’une part, qu’il est loisible à l’homme de ne plus se sentir distinct des bêtes qu’on extermine ". Plus l’homme se rapprochera de l’animal, plus il se voudra en même temps héritier de la puissance divine sur les animaux et les autres hommes qui y ressembleront, écrit Surya en s’appuyant sur les analyses célèbres d’Adorno et d’Horkheimer dans la Dialectique de la raison.

« Laurent Margantin »

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Commentaires
H
C'est donc la descente qui permet la connaissance initiale des instincts primordiaux qui est le début ascentionnl de la réalisation du moi après l'opacité du chaos universel...Etes-vous d'accord?
Humanimalités
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